3 mars 2011

Réponse du Collectif d'habitants au Bourgmestre Jean-Luc Roland accusé de gestion répressive de la crise

« Action brutalement réprimée à Louvain-La-Neuve, le bourgmestre Jean-Luc Roland (écolo) pointé du doigt pour sa gestion répressive de la crise ». Voici la réponse du collectif d'habitants au Bourgmestre Jean-Luc Roland.

Ce collectif baptisé Collectif Météo, regroupe une partie des habitants de Louvain-La-Neuve qui se sont fait réprimer violemment par la police, lorsqu'ils ont tenté d'ouvrir illégalement un lieu culturel dans l'ancienne poste désafectée, le 28 janvier 2011.

C'est une réponse politique, que l'on soit d'accord ou non avec sa position, elle met en lumière les profonds dysfonctionnements sociaux de la ville, sous-jacents à ces conflits. Dysfonctionnements et inégalités sociales entraînés par la politique de gestion de la ville, politique menée conjointement par la Commune et l'UCL.
Nous regrettons que dans sa réponse, le bourgmestre n'en parle a aucun moment.

Réponse du Collectif à la ville Bicéphale

Lettre ouverte à M. Roland[1]
 
Sur les événements.
Aujourd’hui, nous apprenons que ce n’est pas vous qui auriez donné l'ordre de passer à l’assaut ce vendredi 28 janvier.
Quoi qu’il en soit, quelques phrases prises à la sauvette sur un tract trouvé dans notre infothèque ne peuvent servir à dédouaner les responsables d'une soixantaine de coups de matraque.
Posé entre un manuel sur les toilettes sèches et un recueil de recettes végétariennes, ce tract sera votre seul élément pour incriminer ceux qui n’ont pas cédé à la pression policière.
 
Avant que la police, munie d’un pied de biche, ne force la porte, nos tentatives de négociations (à l'extérieur) se sont finalement soldées par son intrusion brutale. Une fois à l'intérieur, les policiers ont négocié matraque à la main alors que nous n'étions pas armés. Ils ont confondu négociations et prise d’assaut.
Nous ne sommes donc pas d’accord avec le fait de scinder notre groupe en deux, d’un côté les pacifistes et de l’autre des casseurs agressifs. Nous avons été mis au pied du mur par la police.
 
Nous tenions à vous rappeler que ce n’est pas la première fois que de telles répressions se produisent sur le territoire d’Ottignies-Louvain-la-Neuve. Conjointement, en 2005, la démolition des maisons du squat « 111 »  (le 5 septembre) et l’ouverture de l’Esplanade (le 5 octobre) ont produit pareils événements. Tout deux avaient donné lieu à des coups de matraque. Nous ne nous attarderons pas sur un lien possible entre ces  événements…
 
Sur nos raisons.
C’est vrai, nous occupons des lieux vides sans demander l’autorisation. Mais avant tout, nous nous interrogeons sur les marges de manœuvre qu’ils nous restent pour Habiter[2] dignement notre ville. Ce que nous avons vu ces dernières années à Louvain-la-Neuve, c’est un urbanisme bulldozer mené par des intérêts essentiellement économiques saupoudrés de social et d‘écologie. Simultanément, ce poids lourd pousse les habitants à bas revenu (quel est pour vous un revenu moyen ?) hors de l’enceinte et érode le tissu associatif non institutionnel, celui là même dont vous parlez dans votre dernier ouvrage. Est ce qu’aujourd'hui votre engagement n’existerait plus qu'à travers des projets pharaoniques et en fonction du rayonnement qu'ils produisent. L'annonce du dernier projet de Wilhelm & Co continue de détruire l’investissement personnel d'habitants dans un projet de ville qui a résolument perdu ses intuitions premières. Nous ne faisons pas que juste ouvrir des portes jalousement fermées, nous nous demandons dans quel mur nous fonçons.
 
Sur la Culture.
La mise en place des derniers lieux culturels comme l'Aula Magna, la nouvelle ferme du Biéreau ou même le musée Hergé contribuent à l’amélioration du cadre de vie des « consommateurs de culture ».  Nous ne concevons pas la culture comme un produit consommable, car à travers cette manière de la penser, elle perd tout son goût et prend un caractère exceptionnel, dans son sens le plus restrictif.
 
Parallèlement à ces ouvertures, s'opère lentement un démantèlement des infrastructures qui nous tiennent à cœur (le squat du 111, la ferme du Rédimé, la Météo, Chez Zelle, l'asbl Corps et Logis et même le Terrain d’Aventure). En fait, en ouvrant de tels lieux nous répondons aux agressions d’un urbanisme destructeur ainsi qu'à notre besoin criant d'espaces « autonomes ». Nous sentant « agressés », vous comprendrez aisément que nous ne sommes jamais venus demander quoi que ce soit, ni à la commune, ni à l’U.C.L.
 
Bicéphale.
Ce Vendredi 28 janvier, vers 21h, devant les portes de l’ancienne poste, nous n’avons vu que des responsables de l'U.C.L. au côté de la police. Est-ce sous leur influence que l'incident est arrivé ? Était-ce une tentative d'intimidation d'un propriétaire ?
La gestion de Louvain-la-Neuve nous semble obscure. Les conflits d’intérêts entre l’U.C.L. et la Commune, connus de tous, influencent beaucoup trop notre quotidien de résident. Cet élément est central dans notre réflexion sur L.L.N.. 
Qui dirige Louvain-la-Neuve ? Une bête à deux têtes ? La première nous lance des « noms d'oiseaux », la deuxième nous menace de sanctions pénales.
 
Alors que l’on vante Louvain-la-Neuve pour son pluralisme, sa citoyenneté et sa participation, nous étouffons. Nous avons utilisé l’action directe et de désobéissance civile pour arriver à nos fins. L'histoire regorge d'exemples de résistance face à des situations forcenées. Nous en sommes une nouvelle émanation tout comme l’ont été par exemple le journal « El Boutroule[3] »,« le balais libéré[4] » ou encore aujourd’hui « le quartier de la Baraque ».
 
Finalement
C'est dans ce contexte que nous avons occupé les bâtiment de la météo et de l'ancienne poste.
 
Nous sommes mobiles et souples
Nous demandons des espaces de créations et de diffusions adaptés
Nous sommes demandeurs de rencontrer David da Camara.
 
Le collectif Météo.

Lien http://collectifmeteo.over-blog.com/


[1]           Ceci est une réponse publique à la lettre de M. Roland sur les événements du 28 Janvier.
[2]           Habiter ce n’est pas seulement une notion statique liée à un lieu privé, c’est aussi une notion dynamique qui nous amène en rue, en mouvement, d’un endroit à un autre.
[3]           Journal contestataire sur Ottignies-Louvain-la-Neuve, 1972.
[4]           Lutte autogérée des femmes du service de nettoyage de l'U.C.L. dans les années 70.

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