14 mars 2011

Tour du monde à l'huile de friture et Association des Habitants de Louvain-La-Neuve, coût du logement préoccupant

Association des Habitants de Louvain-La-Neuve
Le Coût du logement à LLN devient préoccupant,
Situation et perspectives. Débat >>>
 L’évolution du coût du logement à LLN, mais aussi dans toute la région, est devenue préoccupante et nombre de personnes désireuses de s’y établir doivent renoncer à leur projet, particulièrement des jeunes ménages. Cette situation risque d’engendrer progressivement un déséquilibre intergénérationnel et social.

L’Association de Habitants de Louvain-la-Neuve s’en soucie et organise sur ce thème une conférence-débat dont l’objectif est d’entendre diverses personnalités au fait de la situation, des perspectives et des projets en cours ainsi que d’échanger avec elles à ce propos. L’invitation s’adresse donc à toute personne, de Louvain-la-Neuve ou d’ailleurs, intéressée par le sujet.

Intervenants : Jean-Luc Roland, Bourgmestre, Cédric du Monceau, Premier Échevin, Échevin de l'urbanisme,Cécile Lecharlier, Echevine du logement, Ottignies-Louvain-La-Neuve Alain Trussart, Député provincial, Brabant wallon Philippe Barras, Administrateur Délégué de INESU IMMO (UCL) Mathurin Smoos, Conseiller politique au Cabinet du Ministre J.M. Nollet, en charge de … Nicolas Bernard, Juriste, philosophe, Professeur aux Facultés St Louis Yves Hanin, Prof. A l’UCL, Directeur du Centre de recherche en aménagement du territoire (CREAT) Le débat sera animé par Serge Flamé, Directeur de l’Institut des Arts de Diffusion (IAD) Quand ? le lundi 31 janvier 2011, à 20 H Où ? Auditoire Agora 10, à LLN, (place Agora , au centre ville)

Toutes les infos sur L'AH de Louvain-La-Neuve sur www.ahlln.be/
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L’art du vagabondage

Certains ont un avis très clair sur ce monde, mais n’agissent pas. D’autres créent sans se revendiquer de rien.
Ou du moins, pas d’une doctrine, ni d’un modèle. Le rêve pour seul leitmotiv, Marco Guidi suit son instinct depuis maintenant 10 ans… Récit d’un homme qui porte les stigmates des kilomètres parcourus sur son visage.

Je le reconnais : dans la petite cour des Restos du Coeur de Bressoux, un homme au teint hâlé et aux
yeux clairs m’adresse un petit signe de la main, au milieu des personnes qui patientent avant que les
portes n’ouvrent pour le repas de midi. J’ai rencontré Marco un peu par hasard, lors d’une représentation de cirque à Liège.
Après le dernier numéro, il m’avait dévoilé une part de lui-même, garée sur le parking d’Avroy : son Aixam entièrement pimpée, qui ferait pâlir Xzibit de jalousie. Le geste habitué, il ouvrait des cachettes secrètes, renversait les sièges, m’indiquait le système de tuyauterie qu’il avait installé
le long du tableau de bord, pour rouler à l’huile de friture, m’expliquait comment un ami lui avait soudé des barres pour supporter la tente de désert installée sur le toit, … J’ai proposé qu’on se revoie.
Attablé dans cette cantine bruyante de la périphérie liégeoise, Marco avale son bouillon et plante le décor : « En l’an 2000, je vivais avec ma petite femme, qui était toiletteuse pour chiens, dans une maison tout confort à Hoeilaart (Brabant flamand, ndlr). Mais je n’étais ni satisfait, ni heureux. J’aspirais à quelque chose qui ressemblait… (il réfléchit) au nomadisme. » C’est elle qui s’en va.


Après une tentative échouée de transformer son bien en maison supervisée, Marco fait lui aussi son baluchon. « Et je m’en vais pour Beauraing, où je me pose chez les Jésuites. J’allais chercher là-bas un endroit où me retrouver et ils m’ont laissé place. J’y suis resté un an, puis ils m’ont dit que j’avais eu mon temps. J’ai découvert grâce à eux une certaine profondeur. » Ouvert d’esprit sans chercher à l’être, curieux par nature, Marco vivra plus tard une autre expérience spirituelle, chez les Bouddhistes. Mais ce volet n’arrivera qu’après le plat principal. Une petite dame dépose à notre table quatre assiettes garnies de potée liégeoise et d’une saucisse suintante de graisse. Tandis que le caricaturiste tape la causette à la personne face à lui, je ne décroche pas du récit de mon Forrest Gump local. « À cette époque, je possédais un bus scolaire, que j’avais racheté à la commune au prix de la ferraille, soit 5 000 francs. Après mon passage chez les Jésuites, il commençait à décliner, comme moi. Normalement, il y en a toujours un qui doit pouvoir compter sur l’autre. Là, on était scabreux tous les deux… Je me suis dirigé vers un centre de jour et lui, vers l’Afrique. Quelqu’un me l’a racheté pour d e s s e r - vir une l i g n e de bus, quelque part sur le continent. Par nostalgie, j’ai gardé sa plaque pendant un an. »

Au centre, Marco décide de prendre fermement sa vie en main. « Il s’agissait d’être auteur de ma vie, plus seulement acteur. » Lui vient alors cette frénésie de découvrir tout ce qui existe concrètement comme aide aux personnes qui veulent « gérer leurs difficultés ». Cela le mène jusqu’en France, à Besançon. « Aux Invités du Festin, préciset- il. Là-bas, ils essaient de regrouper médecins et malades dans une seule maison. Le problème, c’est qu’on m’a demandé de quel côté je me voyais. Moi, je me sentais un peu des deux… »

Le bâton dans la roue
Arrivés au dessert (une part de tarte au riz), je comprends à quoi tient la lueur un peu triste et inquiète que je perçois dans le regard de Marco : « L’aide, telle qu’on la conçoit, consiste trop à remettre les gens dans des cases, sans leur donner la chance de créer. » Le gros mot était lâché : les cases, les clichés, les étiquettes, les fausses communautés. Voilà contre quoi Marco se bat, simplement à travers cette quête incessante de s’accomplir avec et par (tous) les autres. De Besançon, il rejoint Auxerre, Taizé, Dijon, Verdun, Aviotte. En vélo électrique et en hiver, en plus.
Mais la saison lui porte plutôt chance, car « j’étais fort chargé, les basses températures permettaient donc au moteur de se refroidir ». À Libramont, le redoux l’arrête en pleine course : le moteur lâche, après 4 000 km. « Je m’aperçois alors que mon mode de vie n’est concevable que comme évasion du cadre normal. En réalité, il s’agit plus de survie que de constructif. Depuis, je me demande quelles composantes permettraient d’établir ce mode de vie sur du long terme, sans recours à un soutien financier, car actuellement je suis sur le CPAS. »

La voie vers son projet, Marco l’aura cherchée en Inde, avec les Tibétains du centre bouddhiste, puis en Biélorussie, après moultes péripéties. Mais il sera resté confronté aux mêmes barrières. Aujourd’hui, il squatte à Droixhe, au centre Récré’Action. Il se nourrit aux Restos du Coeur et dort dans sa tente du désert, en haut de son Aixam. Son inaccessible étoile, il la cherche encore, parmi les nébuleuses : la liberté absolue, l’absence de dépendance.

Post-scriptum : il cherche un compagnon de route. •

Coline la truite ardenaise www.lepoiscaille.blogspot.com
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