15 mars 2012

Ecolo, une étiquette verte sur un projet de droite? Ottignies Louvain-La-Neuve par l'AGL

Crise de l'urbanisme à Ottignies Louvain-La-Neuve

Assemblée générale des étudiants de Louvain - AGL (Assemblée qui représente les étudiants de l'Université Catholique de Louvain). Par Delphine Masset  

Louvain-la-Neuve semble être dans une course à l’attractivité davantage axée sur le portefeuille du consommateur de passage que sur un urbanisme au service de la qualité de vie des habitants.  

Certes, nous savons combien les autorités doivent jouer avec des contraintes structurelles imposantes (financières et législatives), mais nous continuons à croire qu'il est possible, en initiant un certain déplacement, de « penser autrement ».

Parmi les problèmes actuels, le passage obligé du développement de la ville par l'extension de la dalle implique, du fait de son coût élevé, des collaborations avec de grands promoteurs immobiliers. Dans un premier temps, cette obligation initie un rapport de force en défaveur de la ville et en faveur du promoteur.  Ensuite, cette « nécessité » a tendance à faire émerger des projets de (trop) grande envergure dont la gestion est rendue difficile (contrairement à une multiplicité de petites promotions). Ce que nous proposons serait de se décaler de cet impératif historique coûteux et relativement contre-productif, pour commencer à envisager une conception de la ville sans la finalisation de la dalle. Nous ne serions plus ainsi pieds et poings liés face à des promoteurs qui auraient toute puissance sur leur projet une fois le contrat signé et le terrain cédé.

nouveau projet pour l'esplanade
Ecolo, une étiquette verte sur un projet de droite? On est en droit de se poser la question quand on voit à quoi ressemblerait l'extension pour produits de luxe de l'Esplanade.
Évidemment, nous ne sommes pas opposés à la présence de commerces à Louvain-la-Neuve mais bien à l'existence d'un appendice fonctionnant en cercle fermé. S’il était prévu initialement qu’une liaison piétonne traverse l'Esplanade pour aérer le centre-commercial et rendre sa traversée possible d'un quartier à l'autre, cette condition ne fut pas respectée par Wilhem & Co (promoteur immobilier de l’Esplanade). Et ce pour la simple raison que confier la gestion de projets d’une telle envergure à une entreprise privée entraîne un risque important de non-respect des contreparties exigées par le bailleur (ici, l’UCL).  En définitive, le prix de la « sous-traitance » d’un gros projet urbanistique avec un promoteur privé, c’est le risque  de ne plus pouvoir contrôler le développement et les retombées du projet et ainsi voir passer les intérêts de la population après ceux du promoteur. 
 
Pour revenir à l’extension de l’Esplanade, le dernier projet en date avancé par le promoteur immobilier Wilhem & Co (actuel propriétaire du terrain situé entre l‘Esplanade et la pompe à essence Total) prévoyait la construction d’une extension en forme de diamant géant. Celle-ci,  censée accueillir des enseignes de luxe, devrait, selon Peter Wilhem (CEO de Wilhem & Co) permettre d’« upgrader » le contenu du centre actuel et capter une nouvelle clientèle plus privilégiée (La Savate de Février 2011 ; « Projet d’extension de l’Esplanade »).

En accord avec la pensée de Tim Jackson, Docteur Honoris Causa 2011 de l’UCL et auteur du livre « Prosperity without Growth », nous pensons qu’il serait plus sensé d’allouer cet emplacement à la création d’espaces et de services publics. Ceci afin de créer des lieux d’échanges et de rencontres au service de la population néo-louvaniste. Ceci, aussi, dans le but d’éviter que le centre commercial ne fonctionne comme une zone de transit mais devienne une zone de vie plus intégrée à la ville. Nous serions partisan d’utiliser cet espace pour la création de logements, d’espace publics (parcs, plaine de jeux, etc) ou encore de structure pouvant accueillir des services publics comme une maison médicale, un point vélo (comme dans certaines grandes gares de Wallonie et de Bruxelles) ou une maison des jeunes afin de miser sur les jeunes pour recréer une vie associative. 

Les cas de l'Esplanade et de son extension ne sont pas des cas isolés de projets immobiliers en désaccord avec les principes écologiques et sociaux dont l’UCL et la commune d’Ottignies-Louvain-la-Neuve se disent pourtant les garants. 
 
Pour ne citer que quelques exemples, nous rappellerons la polémique autour de la construction du musée Hergé qui entraina la destruction d’une partie du bois de la source et de la maison des jeunes, le projet immobilier du parking du lac (terrain situé entre l’Aula Magna et l’église St François) qui accueillera notamment un hôtel et un centre thalasso, l’ « éco » quartier Courbevoie qui trônera sur 3 étages de parking sur un terrain jouxtant le quartier alternatif de la baraque (quartier autonome de Louvain-la-Neuve) ou encore la construction du musée de Louvain-la-Neuve au détriment d’une grande partie des étendues vertes du lac, lieu de détente privilégié des étudiants en été. Louvain-la-Neuve semble ainsi être actuellement dans une course à l’attractivité davantage axée sur le portefeuille du consommateur de passage que sur un urbanisme au service de la qualité de vie des habitants. Nous aimerions donc à l’avenir nous prémunir de mauvais choix concernant l’aménagement et l’urbanisme de Louvain-la-Neuve et en appeler à un débat sur la nécessité d’étendre la dalle au vu des implications urbanistiques que cela provoque. Selon nous, sortir de la logique contraignante de l’extension de la dalle et de ses implications financières ouvrirait la ville de Louvain-la-Neuve à un nouvel urbanisme moins mégalomane, plus cohérent et plus durable.

[1] « Trois remarques sur la multiplication des centres commerciaux » ; François Schreuer ; Revue Belge d’architecture ; Mars 2011
http://www.vesdre-avenir.be/photo.php?photoS=images%2Frevue-a-plus_2011-02-22.jpg&legende=Article

Pour contacter l’AGL à ce sujet : dmasset@aglouvain.be


Projet d'extension de l'Esplanade

Si tout d’abord la nouvelle ne semblait être qu’une rumeur, les sorties de presse sur le projet d’une future extension de l’Esplanade sont aujourd’hui de plus en plus fréquentes. Il semblerait en effet que le projet soit pour certains à un stade bien plus avancé que la simple lubie. Bien que l’UCL et les membres du conseil communal n’aient jamais eu vent du projet, le promoteur immobilier Peter Wilhelm (dirigeant de Wilhelm & Co et potentiel concepteur-financeur du projet) semble avoir déjà les idées bien claires.
Ce projet d'extension de l'Esplanade, de la forme d’un diamant géant, est un projet d'envergure : « L'extension offrira trois niveaux de surfaces commerciales comptabilisant 25.000 m2.(...) L'investissement s'élèverait à 100 millions d'euros 1». Le complexe est destiné à accueillir des enseignes de luxe, comme le souligne le futur investisseur qui y voit une occasion d' « upgrader » le niveau du centre commercial actuel afin d’attirer une nouvelle clientèle plus privilégiée (interne et externe à la ville) : « une zone de 600 000 personnes de Gembloux, à Overijse, de la frontière Flamande, à Lasne-Ohain n’est pas entièrement captée ». Comme il le confie à la presse, le concepteur souhaite faire de ce nouveau centre commercial une des emblèmes de la ville. Ce sera « la première chose que l'on verrait en arrivant à LLN (...) une nouvelle icône de la ville 2 ».
Louvain-la-Neuve est une ville universitaire et, peut-être plus que tout autre ville, elle ne peut se permettre un tel changement sans l’avoir mûrement réfléchi. Si nous sommes loin de nous opposer à toute évolution de notre ville, ce projet est lié à un nombre considérable de problématiques que nous avons le devoir de ne pas passer sous silence.
Voici quelques-unes des nombreuses interrogations que nous nous posons en tant qu’étudiants et citoyens.

Nul besoin de signaler que ce projet va à l’encontre des principes élaborés par les pères fondateurs de la ville. Si dans certaines dynamiques un parricide peut être nécessaire pour ouvrir la porte à de nouvelles perspectives, il ne faut pas néanmoins oublier la sagesse du terreau fondateur qui fut, ici, inspiré.
Les pionniers avaient à cœur d’en faire une vraie ville et non un simple campus, c’est à dire de mixer les différentes fonctions  académique, commerciale et culturelle. Bien qu’ils reconnaissaient la légitimité du secteur commercial, leur but était d’éviter les enclaves. Ils attendaient de la ville qu'elle soit un espace pluri-fonctionnel, comme une ville qui se serait développée de manière naturelle. L’extension de cet énorme centre commercial tel un appendice gargantuesque à la ville est pour le moins interpellante.
En faisant de Louvain-la-Neuve une ville piétonne, inspirée des dédales médiévaux, les pères fondateurs voulaient forcer les rencontres, amener ses habitants à investir les espaces publiques. Ils misaient donc sur la convivialité, la mixité sociale et la prise de responsabilité publique afin d’inclure les habitants dans le jeu politique, de créer une dynamique plus consultative qu'ailleurs. Ils semblaient avoir compris avant l’heure l’importance de la démocratie de proximité. Or cette question de la « Démocratie » au sein de la ville est aujourd’hui menacée. En témoigne la manière dont la construction de la première Esplanade fut menée ou encore la question de l’augmentation de la taxe de séjour sur les étudiants qui ne possèdent néanmoins pas la contrepartie de leur devoir : l’espace pour s’exprimer sur la ville. Ne sommes nous pas en train de briser ces valeurs toutes particulières qui font la particularité de notre ville?

Si Peter Wilhelm ne doute pas de l’existence de consommateurs potentiels ni de la viabilité financière pour les investisseurs et les futures chaines de magasin (de luxe), le projet semble superficiellement réfléchi  : « Ce qui interpelle le plus, à écouter le secteur de l'immobilier commercial, c'est l'absence de pensée globale. A l'image de Wilhelm & Co, l'économie et le commerce sont envisagés dans un système clos. Aucun intérêt n'est accordé à l'impact que pourraient avoir des stratégies commerciales sur d'autres sphères de la vie en société : environnement, sociale, aménagement du territoire, qualité de vie, santé» dénonce Inter-Environnement Wallonie. Ne faut-il pas évaluer les conséquences d’un tel investissement sous d’autres angles que celui du prisme financier?

Pour contacter l’AGL à ce sujet : dmasset@aglouvain.be

1 Propos de P. Wilhelm, Espace-Vie, décembre 2010, n11
2 La libre Belgique - Une extension du centre commercial de l’Esplanade, "au plus vite au mieux"  le 06/10/2010

6 commentaires:

  1. A l'image de "VeniceLand" Louvain-la-Neuve deviendra t'elle bientôt "LLNLand" ?

    Un parc d'attractions commerciales et de loisirs confirmant ainsi le slogan lancé en 2005 lors de l'inauguration du shopping center de l'Esplanade "UCL, l'Université Commerciale et de Louvain" ... qui forme les cerveux de demain.

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    1. Mais en quoi cela a à voir avec les habitants d'Ottignies Louvain-La-Neuve? Il faut distinguer le parti Ecolo avec son programme, ses valeurs et ses pratiques, et la locale écolo d'Ottignies Louvain-La-Neuve cadenassée (à mon avis) par Jean-Luc Roland et ses proches. Vu comment il se montre autoritaire et fermé au dialogue avec certains acteurs de la ville (urbakevoi, étudiants, jeunes,...), on peut imaginer comment cela doit être dans son parti. Il est très rare qu'il y ait des voix dissonantes et quand il y en a elles sont vite étouffées, ce qui n'est pas du tout une pratique écologiste quoi qu'en dise Bernard Wesphael. Cécile Lecharlier et surtout David da Câmara ont l'air de vouloir changer un peu ces pratiques au sein de la locale d'écolo d'Ottignies LLN. Mais ils sont soumis au jeu politique et sans doute attendent ils que le bourgmestre finisse son troisième mandat pour changer les choses.

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  2. Pour -simon-
    " sans doute attendent ils que le bourgmestre finisse son troisième mandat pour changer les choses." ... Le problème c'est que d'ici là les choses installées par Jean-Luc Roland seront irréversibles!

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  3. Simon, j'ai parcouru le site, intéressant malgré que les articles sont de valeurs inégales. En ce qui concerne la culture du débat au sein de la locale écolo d'Ottignies Louvain-La-Neuve et de ceux qui l'animent, il semblerait que ce soit plutôt le cas de Hadelin de Beer et de Mireille Andries. Au vu de l'article publié sur ce même site "L’extension de l’Esplanade en questions", il apparaît que c'est clairement ce duo qui joue l'alternative.

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  4. Et en Flandre, c'est la Ministre de l'Environnement qui plie devant les intérêts privés de Uplace.
    Greenpeace a introduit un recours au Conseil d'Etat.
    http://www.greenpeace.org/belgium/nl/nieuws-blogs/nieuws/Schauvliege-plooit-voor-privebelangen-Uplace/

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  5. Programme Ecolo Ottignies en matière de logement15 juin 2012 à 10:51

    suite - Pour en faire un réel projet « durable », ce projet économique et social d’accès au logement sera mis en œuvre en mettant l’accent sur sa qualité environnementale : l’isolation des bâtiments et la recherche de solutions innovantes pour économiser l’énergie doivent en faire un modèle de construction « réaliste » respectant les exigences du développement durable. Le mécanisme du tiers-investisseur sera ici aussi mis en œuvre pour financer les investissements liés aux économies d’énergie.
    1.2 Des mesures d’urbanisme pour des logements peu coûteux

    Les petites parcelles de terrain (de 2 à 4 ares dans les centres urbains) permettent à la fois de jouer sur le prix du terrain et de développer un habitat mitoyen, moins onéreux à la construction et à l’utilisation à cause de son isolation thermique (moins de parois extérieures). L’orientation judicieuse des parcelles, la conception des bâtiments et les matériaux utilisés permettent également de réduire la consommation énergétique future. La révision du schéma de structure et du règlement d’urbanisme (voir le chapitre Aménagement du territoire) visera notamment à favoriser toutes ces mesures, qui interviennent dans le coût réel du logement.

    Notons également que les aménagements d’isolation qui constituent un investissement en vue d’une économie ultérieure pourraient faire l’objet d’un financement par « tiers investisseur » permettant de réduire la charge initiale tout en favorisant la qualité environnementale de l’habitat.
    1.3 Logement social

    Ottignies-Louvain-la-Neuve est déjà l’une des communes du BW qui compte le plus de logements sociaux (12 % de locataires sociaux contre 4 % seulement en moyenne dans la province). Même si nous pensons que la création de logements moyens est actuellement une plus grande priorité, de façon à maintenir une population socialement équilibrée, nous exigerons, lors de la création de nouveaux quartiers, de réserver une part significative des nouvelles constructions au secteur du logement à finalité sociale.

    Par ailleurs, nous serons attentifs à améliorer certains aspects de la gestion des logements sociaux existants.

    · L’accent sera mis sur leur rénovation. Trop de logements sont en mauvais état, mal isolés, équipés d’appareils gourmands en énergie. Cette situation est inacceptable tant au point de vue environnemental qu’au point de vue social : les loyers réels ne sont plus supportables. Nous exigerons de véritables investissements à grande échelle. Nous ferons appel au fonds fédéral pour la réduction du coût global de l’énergie.

    · L’intégration des habitations sociales dans un environnement de verdure et dans le réseau de transports en commun doit être renforcée.

    · Nous voulons une véritable politique de diversité, notamment pour éviter les ghettos. Une manière de créer de la diversité est de mélanger propriétaires et locataires. La vente de logements sociaux est acceptable, mais dans certaines conditions : l’argent doit être réinvesti pour améliorer les logements existants et il faut donner la chance aux locataires de longue date de devenir propriétaires.

    · Les principes de bonne gouvernance doivent être appliqués de manière rigoureuse. Un soin tout particulier sera apporté à l’égalité d’accès et au respect des réglementations en matière d’attribution de logements.

    · Le comité consultatif de locataires et de propriétaires sera soutenu dans son travail et le suivi personnalisé des locataires en défaut de paiement de loyer sera effectué par un service de médiation de dettes.

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